La démission
d'Aymeric Chauprade du Front National appelle plusieurs
remarques :
1) Tout d'abord la
limite du système Marine Le Pen consistant à placer à des postes
de responsabilité des personnes à peine arrivées dans le
mouvement.
Cela vaut pour la
personne éminente et de conviction que représente Chauprade dont
l'arrivée officielle s'est faite lors du congrès de Lyon le 4
décembre 2014 qui s'est vu confier dès le mois de mai 2014 la
campagne des européennes en Ile-de-France. Etait-il déjà
encarté ? On en doute, mais probablement très peu de temps
avant le congrès. Il avait, par contre été directeur
campagne de Philippe de Villier aux élections européennes de 2004, et à ce titre s'était engagé pour
des valeurs qui sont celles du FN traditionnel.
Cela vaut surtout
pour des personnes d'un niveau plus commun mais
dont la soudaine adhésion à nos idées ressemble parfois trop à l'illumination
divine de St Paul sur le chemin de Damas pour qu'on ne se pose pas
quelques questions...
C'est le cas pour le jeune Davy Rodriguez qui passe du
Front de Gauche jusqu'en décembre 2014 (avec admiration des Femen de
Caroline Fourest...) au FN, pour Antoine Chudzic, adhérent au PS
depuis 2011 qui a fait la campagne de François Hollande, voire pour Thomas Laval, encarté dès 2011 à l'UMP
qui a fait la campagne de Sarkozy. Quant à Aymeric
Merlaud, protégé de Sébastien Chenu, on sait seulement qu'il est adhérent depuis moins d'un an. Tous les quatre encore étudiants entre 22 et 23 ans à Science
Po Paris.
Tout est allé très vite pour eux : rencontre avec
Florian Philippot et aujourd'hui , en quelques mois, en tête de liste ou position
éligible à coup sûr pour les régionales.
Quand on est jeune,
on peut se tromper dans son premier engagement ou dans son deuxième.
Un revirement aussi rapide que celui de Davy Rodriguez ne peut
cependant que surprendre chez quelqu'un de son niveau.
La prudence au FN,
aurait voulu qu'ils ne soient pas tout de suite propulsés sur des
places électives qu'ils n'auront, d'ailleurs, peut-être pas le temps
d'honorer tant qu'ils poursuivent leur études. C'est le contraire qui est fait, parfois par parachutage des jeunes de Science Po alors qu'existent des cadres capables localement.
La démarche
d'intégration immédiate aux responsabilités électives est encore
plus surprenante quand elle concerne une personne de 42 ans
avec études supérieures qui passe du PS au FN comme Guy Deballe. Il était en mars 2014 adhérent et après avoir rencontré
Wallerand de St Just passe au FN et se retrouve en position éligible ( 3ième place) en Ile-de-France. Certes c'est un
cadre du privé, ancien de Sciences Po, mais tout de même…
Chauprade apportait
son renom au plan universitaire et international. Pas les autres
personnes citées.
Leur promotion immédiate au FN apportait-elle un
impact électoral?Nullement. Il ne s'agit pas de grand élus célèbres. La manoeuvre de ce type n'est d'ailleurs "payante" qu'en pleine période de campagne électorale ( les Français ont la mémoire courte), et plus par fusion de liste que par ralliement.
Comme le dit très
bien Aymeric Chauprade, on est dans la méthode Philippot où l'image
est plus importante que les valeurs, ou, selon l'explication du
rédacteur du présent article, on est dans le cas où l'être est moins important que le
paraître. On est alors très près d'un Sarkozy qui gouvernait en
fonction des sondages, donc sans conviction réelle. Quelle
différence entre ce choix, tout de même partagé par Marine Le Pen
sous influence de Philippot, et son père qui déclarait préférer
être battu sur ses idées qu'élu avec celle des autres. N'est pas
le Menhir qui veut, et comment l'être quand on ne cherche surtout
pas à incarner fidélité et tradition ?
2) Le problème de
la main-mise de Florian Philippot sur le FN, dénoncé par Chauprade, a déjà été abordé.
Ctte prise de pouvoir qui se traduit par la mise à l'écart progressive
des cadres qui ne pensent pas comme lui, par la mise en place de ses
« boys » dans des postes importants de l'appareil ou - ce
qui est parfois une étape vers les nominations- à des places
éligibles avec certitude aux régionales.
Prise de pouvoir qui
se traduit dans le même temps par un sérieux toilettage du FN dont
il ne restera bientôt que le souverainisme jusqu'à que celui-ci
disparaisse peut-être un jour.
La grande absence de
MLP dans le combat de La Manif Pour Tous s'explique évidemment par
l'influence de Philippot qui est venu renforcer son attirance pour la non normalité. Les orientations vers un islam de France
aussi. L'arrivée au FN d'anciens homos ou de proches d'homos pour ne
pas parler de Sébastien Chenu, fondateur de Gaylib, également. Notez bien qu'ils ne
sont pas là pour une phase de militantisme de base ( purgatoire et confirmation des nouvelles convictions), mais pour occuper
directement des postes dans l'entourage même de MLP.
3) Sur Chauprade
lui-même, si on peut avoir été surpris de son engagement dans
l'évasion vers la France des aviateurs accusés de piloter un avion transportant de
la drogue ( et il faudra à ce propos obtenir des explications
complémentaires). On ne peut cependant que saluer le spécialiste de
géopolitique qui a toujours dit ce qu'il pensait, jusqu'à
compromettre sa carrière.
On ne peut que saluer celui qui dénonce
la guerre que l'islam nous mène et le danger de l'islamisation de
notre pays quand Philippot insuffle une attitude ce complaisance
toute proche de celle du PS et de l'ex UMP; quand MLP lui reproche la vidéo où il présentait cette situation de guerre.
On ne peut qu'apprécier le côté identitaire de notre combat qui souligne les racines chrétiennes de l'Europe.
Il dit appeler de son voeux l'émergence d'un mouvement de la vraie droite.
Il dit appeler de son voeux l'émergence d'un mouvement de la vraie droite.
Le seul problème
aujourd'hui est de savoir si un nouveau mouvement, porteur de toutes
les valeurs et espérances qu'incarnait le FN au temps de JMPL peut
représenter une alternative pour les présidentielles et les
législatives de 2017.
Pour les présidentielles de 2017 cela ne
semble pas très réaliste, sauf éclatement de l'ex UMP ou éclatement du FN!.
Pour les élections suivantes, au cas très probable où MLP serait battue en 2017 par
report de voix de gauche sur le candidat LR, c'est à étudier (absurde stratégie du ni gauche ni droite de Florian Philippot qui consolide le front dit républicain).
Pour les
législatives de 2017 par contre, l'opération devrait être plus facile.
Dans tous les cas,
il faudra examiner les raisons de l'echec ou de l'absence de décollage du MNR de Bruno Megret puis
du PdF de Carl Lang ( le PdF a d'ailleurs encore des cadres et
militants actifs).
Il faudra aussi qu'un accord sur de bonnes bases
soit contracté avec :
- des éléments de
la droite de l'ex UMP qui ne voudront pas refaire avec Florian
Philippot ce qu'a fait Sarkozy ;
- les différents
mouvements identitaires ;
- Debout la France;
- le mouvement La Manif Pour Tous et la mouvance catholique ( méprisés par Florian Philippot et MLP);
- l'aile traditionnelle du FN si celle-ci n'est pas la cheville ouvrière de cette opération.
S'agissant enfin de l'hypothèse de l'éclatement du FN, il serait souhaitable que celui-ci soit préparé afin que la tendance traditionnelle puisse, en congrès, obtenir la majorité et pouvoir continuer le combat sous le nom FN et sous la flamme, ce qui faciliterait considérablement les choses, pour ne pas dire permettrait avec certitude l'écrasement de la partie du FN de Philippot. Il convient donc de ne pas quitter le FN actuel, ce qui ferait le jeu de l'intrigant.
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